jeudi 7 mars 2013

Un gène du cerveau trouvé chez l'Homme mais pas chez les singes



Le gène miR-941, codant pour un microARN régulateur de gènes, serait apparu après la divergence entre le dernier ancêtre commun à l'Homme et au chimpanzé et se trouve ainsi être le propre de notre espèce. Très actif dans le cerveau, il pourrait jouer un rôle dans l'intelligence humaine.
 
Les microARN sont de courtes molécules d'ARN, produites par l'ADN, connues pour réguler l'expression des gènes en venant se fixer sur les séquences codantes, empêchant leur transcription et les réduisant au silence. 

Dans une étude, des scientifiques de l'université d'Édimbourg (Écosse) viennent de mettre en évidence un microARN, miR-941, qui ne serait présent que chez l'espèce humaine. En effet, après comparaison des génomes de 11 espèces de mammifères, dont l'Homme, les chimpanzés, les gorilles et les souris, il s'avère que cette séquence y est absente. 

À quoi peut bien servir ce miR-941 ? Il pourrait être lié au fonctionnement cérébral car il est surexprimé dans deux régions du cerveau, connues pour participer à nos prises de décisions ou associées au langage. Un nouveau gène de l'intelligence ? De plus, les auteurs de ce travail, publié dans Nature Communications, expliquent que la délétion de la région chromosomique qui code pour miR-941 aboutit à un retard mental.
Le cerveau humain est bien plus gros que celui de ses plus proches cousins. Est-ce en partie grâce à miR-941 ?
Le cerveau humain est bien plus gros que celui de ses plus proches cousins. Est-ce en partie grâce à miR-941 ? © Por adrines, arteyfotografia
miR-941, un gène qui détient encore des secrets
 
Cependant, il faut rester prudent quant à l'interprétation des résultats, comme le font les chercheurs. Sur ce même fragment de chromosome on trouve une vingtaine d'autres gènes, et rien ne permet de déterminer lequel est responsable de la diminution des facultés intellectuelles. Pas de conclusion trop hâtive donc. 

Que sait-on finalement de miR-941 ? D'après les premiers éléments, il serait apparu entre -6 et -1 million d'années, depuis un fragment d'« ADN poubelle », et serait devenu opérationnel sur un très court laps de temps. Le nombre de copies serait très variable au sein de notre espèce, et celui-ci aurait commencé à diminuer depuis les migrations en dehors de l'Afrique. Le microARN jouerait un rôle dans la différenciation cellulaire : il est très présent dans les cellules souches pluripotentes avant que celles-ci ne se spécialisent, et disparaît après. 

Pour la première fois selon les auteurs, on aurait retrouvé un gène propre à l'espèce humaine et doté d'une fonction unique. Il y a cependant fort à parier qu'il en existe beaucoup d'autres et que ceux-ci contribuent peut-être à expliquer ce qui fait l'Homme.


lundi 4 mars 2013

Pratiquer la musique avant 7 ans modifie le cerveau pour la vie



Les musiciens ayant commencé à pratiquer avant 7 ans ont une meilleure connectivité au niveau des aires motrices du cerveau et sont plus à l’aise que les autres, musiciens ou non, dans des tâches de coordination des gestes. Cependant, une fois cet âge dépassé, ces bénéfices de l'apprentissage de la musique n’apparaissent plus.
 
Pratiquer la musique, c’est bien. Commencer avant 7 ans, c’est mieux ! C’est du moins ce qui ressort d’une étude parue dans le Journal of Neuroscience, montrant qu’avant cet âge sensible, jouer d’un instrument favorise la coordination des gestes et renforce les connexions cérébrales dans les régions motrices de l’encéphale sur l'ensemble de la vie. 

Ce travail, dirigé par Virginia Penhune, de l’université Concordia (Montréal, Canada), a fait appel à 36 musiciens adultes rangés en deux groupes. Une première moitié avaient commencé les cours de musique avant 7 ans. L’autre moitié, dotée d’autant d’expérience musicale, a été initiée aux instruments après cet âge. Enfin, un troisième lot réunissait des personnes n’ayant que peu de pratique de la musique, voire aucune. 

L’expérience consistait à tester leurs facultés motrices dans un exercice déconnecté de la pratique des instruments. Il s’agissait d’évaluer l'aptitude à apprendre une séquence de mouvements puis à l’exécuter. En plus de ce petit exercice, les volontaires étaient soumis à une scintigraphie cérébrale afin de visualiser la substance blanche de leur cerveau, là où s’effectuent de nombreux contacts entre les neurones.
La musique est bénéfique pour le cerveau. Surtout si on commence tôt !
La musique est bénéfique pour le cerveau. Surtout si on commence tôt ! © Vally, StockFreeImages.com
Les cerveaux des musiciens précoces mieux branchés
Lors du test moteur, les musiciens ayant commencé avant l’âge de 7 ans étaient mieux coordonnés que leurs homologues. La comparaison des cerveaux révèle les raisons du succès des musiciens précoces. Leur corps calleux, zone qui relie et coordonne l’activité des deux hémisphères cérébraux, était plus dense, preuve de connexions plus nombreuses entre les aires motrices. Une analyse plus détaillée montre même que plus on pratique jeune, plus nombreuses encore sont ces synapses.
La comparaison entre les non-musiciens et ceux ayant commencé après 7 ans a de quoi surprendre. Même si la pratique d’un instrument exige de la coordination, on ne retrouve aucune différence dans la substance blanche des membres des deux groupes. Autrement dit, il n’y a pas de juste milieu : ou bien le cerveau se modifie avant 7 ans, ou bien il ne se modifie pas du tout. 

La pratique de la musique, excellente pour la coordination des gestes
 
Ainsi la musique peut transformer le cerveau. Mais attention à l’interprétation : cela ne veut pas dire que les plus grands artistes seront ceux qui auront eu les débuts les plus précoces. Car le talent n’est pas qu’une histoire d’âge, relevant aussi du don, de la capacité à transmettre l’émotion ou du style musical. 

Il n’est d'ailleurs jamais trop tard pour faire bénéficier son cerveau des bienfaits de la musique. Une recherche récente révèle en effet qu’après 2 semaines de pratique intensive, des volontaires ont vu la matière grise se réorganiser. En peu de temps, ils acquéraient aussi une meilleure coordination des mouvements. Les personnes gauches savent ce qui leur reste à faire…

Source: Futura Science