Biens mal acquis : poursuivi en France, relaxé aux États-Unis
Un juge fédéral américain a abandonné les poursuites contre Teodorin
Obiang, fils du président de Guinée équatoriale. En France, la procédure
suit son cours.
Teodorin Obiang, second
vice-président de Guinée équatoriale, lors du 7e sommet du groupe des
États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) en décembre 2012.
© Xavier Bourgois
/ AFP
La justice américaine vient de se casser les dents sur Teodorin Obiang, tandis qu'en France le fils du président de la Guinée équatoriale
continue d'être poursuivi dans la procédure dite des "biens mal
acquis". Le ministère américain de la Justice avait procédé à la saisie
du jet de Teodorin Obiang, mais le magistrat Rudolph Contreras a jugé
que les preuves présentées par le gouvernement américain, prétendant que
l'achat de cet avion avait été effectué par de l'argent gagné grâce à
la corruption, étaient insuffisantes.
C'est la deuxième fois
qu'un magistrat indépendant renvoie le gouvernement américain dans ses
cordes. En juin 2012, dans une procédure similaire, des biens
immobiliers du fils Obiang à Los Angeles avaient été saisis. Là aussi,
le juge avait rejeté les demandes gouvernementales au motif de preuves
trop "vagues", jugeant qu' "il n'y a aucun fait qui démontre que Teodoro
Obiang a participé à de l'extorsion de fonds".
La morale et le droit
En
France, les ennuis du fils du président, également vice-président de la
Guinée équatoriale, ne sont pas terminés. Teodorin Obiang est toujours
la cible d'un mandat d'arrêt international. Il a d'ailleurs failli être
interpellé au Brésil ,
le mois dernier, à la demande de la justice française. À l'automne
2011, Roger Le Loire et René Grouman, qui enquêtent depuis décembre 2010
sur les conditions dans lesquelles trois chefs d'État africains (Denis
Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema et le défunt président
gabonais Omar Bongo) ont acquis un important patrimoine en France, ont
fait saisir les voitures de luxe et les grands crus de Téodorin Obiang,
de même que son hôtel particulier parisien de six étages.
"Dans
cette affaire, il y a le droit et une conception particulière de la
morale. Nous voulons faire prévaloir la stricte application du droit",
rappelle Me Patrick Klugman, l'un des conseils de Teodorin Obiang. "Nous
espérons que la justice française saura se montrer aussi rigoureuse que
la justice américaine." Réponse en juin, lorsque la chambre de
l'instruction de la cour d'appel de Paris se prononcera sur la
régularité de la procédure.
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