Serons-nous bientôt soignés par des machines ? Deux informaticiens américains ont développé un robot nettement plus fort que les médecins pour diagnostiquer les maladies et proposer le traitement adéquat. L’intelligence artificielle fait un nouveau pas en avant.
- Un dossier complet sur les robots et les avatars
À l’avenir, les hôpitaux engageront peut-être des employés d’un genre nouveau. Si les robots chirurgiens
intègrent peu à peu les blocs opératoires, bientôt, ils pourraient être
accompagnés de leurs équivalents médecins. C’est du moins ce que
laissent sous-entendre les travaux de deux chercheurs américains de l’université d’Indiana,
ayant développé une machine bien meilleure que les humains pour prévoir
les maladies et proposer les traitements les plus pertinents.
Kris Hauser et Casey Bennett avaient déjà travaillé sur un robot capable de déterminer la thérapie adéquate pour une personne à un instant donné de la maladie. En partant de cette architecture, ils ont développé un nouveau programme afin de lui donner les moyens de s’adapter aux changements permanents de la situation du malade au cours du temps.
Cet ordinateur
combine désormais deux modèles théoriques lui permettant de faire des
prévisions plutôt précises, appelés processus décisionnels markoviens et
réseaux de décision dynamique. À partir de données cliniques, ces
modèles statistiques permettent d'extraire les différentes pathologies possiblement liées aux symptômes. Quelques informations lui suffisent pour conclure sur la situation probable.
Le robot écrase l’Homme pour les diagnostics
Dans la vie de tous les jours, les médecins sont
parfois un peu obligés de tâtonner face à certaines maladies complexes.
Des symptômes identiques peuvent apparaître pour des troubles
différents. De ce fait, leur taux de réussite dans le diagnostic n’est
pas de 100 %. De la même façon, le traitement préconisé n’est pas
systématiquement le plus adapté, obligeant le patient à revenir, puisque
son mal ne disparaît pas.
Ce graphique montre l'efficacité du robot (en bleu) face à la médecine classique (en rouge). Si le pronostic est plus pertinent de 41,9 %, les auteurs considèrent également que son coût d'utilisation (costs)
est inférieur de 58,5 %. On serait presque tenté de confier sa santé à
un programme informatique... © Avec l'aimable autorisation de
l'université d'Indiana
Les auteurs de ce travail publié dans Artificial Intelligence in Medicine
ont éprouvé leur machine en comparant la précision de ses prévisions
par rapport à celles des médecins. Les données relatives à la santé de
500 personnes ont donc été fournies au robot. Celles-ci souffraient le
plus souvent de dépression ou de maladies chroniques comme l’hypertension ou le diabète.
D’après les estimations des chercheurs, l’intelligence artificielle écrase l’intelligence humaine. Cette première s’est montrée 42 % plus pertinente dans le diagnostic et le traitement à suivre pour les patients.
La fin des médecins humains, remplacés par des robots ?
Un tel succès n’est pas sans répercussions
bénéfiques pour le système de santé et la société dans son ensemble. Un
diagnostic plus rapide évite au patient une deuxième visite chez le médecin,
ce qui l’engage à moins de frais. En retour, un traitement plus
efficace permet là aussi de gagner de l’argent, mais aussi du temps.
Le robot pourrait même faire des suppositions
lorsque les données manquent. Dès qu’il en dispose, il peut vérifier ou
infirmer ses hypothèses de départ et adapter son jugement, exactement
comme le fait un médecin qui réajuste son point de vue en fonction
d’éléments nouveaux.
Cela sonne-t-il le glas des médecins humains ?
Probablement pas : ils ont le temps de voir venir, car pour les auteurs,
la machine reste un outil. Ses algorithmes la rendent précise dans son
interprétation, mais l’avis humain reste fondamental. Pour profiter au
mieux de l’intelligence artificielle, il faut la faire collaborer avec
notre esprit, afin que les deux se complètent au mieux. Et soignent plus
efficacement.
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