Un remède miracle ? Des chercheurs américains ont montré qu’une protéine, appelée Tat-bécline 1, stimule un mécanisme cellulaire qui préserverait d’un spectre très large de pathologies, allant des cancers aux infections en passant par les maladies neurodégénératives… Une piste à creuser absolument !
Un pour tous, tous pour un. Cette formule célèbre des mousquetaires d’Alexandre Dumas père pourrait s’appliquer à un éventuel médicament potentiellement capable de prévenir (et pourquoi pas de traiter) une large gamme de maladies parmi les plus terribles rencontrées par l’espèce humaine. Rien que cela...
C’est du moins ce qu’espère une équipe de chercheurs affiliés à l’University of Texas Southwestern Medical Center
(Dallas, États-Unis). À ce stade d’expérimentation, ils sont conscients
que leur protéine modifiée, Tat-bécline 1, est encore bien loin de
devenir le remède miracle au cancer, aux maladies neurodégénératives ou aux infections. Cependant, les premières analyses publiées dans Nature suscitent l’optimisme.
L’autophagie comme moyen de prévention des maladies
Ce peptide correspond à une partie de la séquence d’une protéine
humaine, la bécline 1. De précédentes études ont mis en avant son rôle
clé dans le déclenchement d’un processus fondamental : l’autophagie.
C’est le moyen utilisé par les cellules pour recycler leurs protéines et les autres molécules usagées afin de récupérer les briques nécessaires à l’élaboration de nouveaux composés. Pour ce faire, la cellule utilise des enzymes qui digèrent une partie du cytoplasme.
La maladie d'Alzheimer, la principale cause mondiale de démence, se caractérise par l'accumulation dans le cerveau de protéines nommées bêta-amyloïdes et Tau. Une autophagie efficace, induite par la bécline, pourrait débarrasser l'encéphale de ces déchets. © Mark Lythgoe, Chloe Hutton, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0
L’autophagie est nécessaire à l’équilibre de la cellule et à sa bonne santé. Certains troubles ou maladies, comme le vieillissement,
les cancers, certaines pathologies neurologiques ou infectieuses sont
parfois associées à un dérèglement de ce processus naturel. L’activité
de la bécline 1 a également été montrée dans la protection contre les cancers du sein, du poumon ou des ovaires.
Les auteurs ont donc voulu tester les propriétés pharmacologiques de leur molécule particulière, dotée d’une affinité pour le VIH, le virus du Sida. Les souris traitées sont restées insensibles à deux infections potentiellement mortelles, que ce soit par le virus du Nil occidental ou celui du chikungunya. Expérimenté sur des cellules humaines, le VIH n’est jamais parvenu à pénétrer ses cibles.
Tat-bécline 1, le médicament pour sauver l’humanité ?
Ce travail n’en est qu’à un stade très préliminaire,
mais toutes ces recherches cumulées suggèrent que la Tat-bécline 1
serait dotée d’un pouvoir préventif plutôt efficace. Les chercheurs misent également sur son pouvoir thérapeutique et souhaitent creuser davantage la piste.
Qu’en attendre ? Les remèdes miracles annoncés à l’avance se sont souvent révélés impuissants. La preuve : le Sida se traite à l’aide de trithérapies
(associations de trois médicaments) sans pour autant éliminer le virus,
quand les cancers nécessitent plusieurs traitements, différents selon
les cas et les patients. Quant à Alzheimer
ou les autres maladies neurodégénératives, les succès sont pour l’heure
très limités, et les pathologies ne cessent de progresser avec l’âge.
Au mieux, la Tat-bécline 1 pourrait servir de complément aux thérapies déjà proposées… Mais ne devrait pas à elle toute seule sauver le monde !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire