jeudi 21 février 2013

La liste des médicaments à bannir selon la revue Prescrire



Après le Médiator, les pilules de 3e et 4e générations ou le Diane 35, la revue Prescrire enfonce le clou en établissant une liste de médicaments qui, selon elle, devrait être retirés du marché pour les dangers qu’ils représentent. Cela permettra-t-il d’éviter un nouveau scandale sanitaire ?
 
Chaque année, la revue Prescrire a pris pour habitude de publier dans son édition de février le palmarès des meilleurs médicaments mis sur le marché l’année précédente. L’année 2012 semble ne pas avoir été un très bon cru. Aucun des traitements n’a reçu de la part de la rédaction la mention « Pilule d’or », récompensant des progrès conséquents. 

Seuls deux traitements, contre le cancer métastasé de la prostate et l’hépatite C chronique, sont considérés comme des avancées thérapeutiques, même si leur efficacité est modérée. En revanche, sur les 80 autres traitements évalués, 15 seraient même dangereux, soit près d'un sur cinq. Des résultats qui ont de quoi inquiéter… 

Ce genre d’alerte n’a rien de nouveau. L’une d’elles a été lancée dans un livre, publié en septembre dernier par Bernard Debré et Philippe Even et qui avait fait polémique. Les affaires récentes du Médiator, des pilules de 3e et 4e générations ou du Diane 35 révèlent peut-être quelques failles de la part des autorités sanitaires. 

Des médicaments inutiles et trop dangereux
 
C’est du moins l’avis de Prescrire qui publie sur son site la « liste des médicaments plus dangereux qu’utiles ». La revue considère qu’en 2013 circulent encore bien trop de traitements dont la balance bénéfices-risques est défavorable aux patients. La faute, selon elle, au laxisme des agences de santé qui devraient retirer de la vente toutes ces molécules.
Devrions-nous nous débarrasser d'un médicament sur cinq ? Certains accusent des traitements d'être inefficaces et dangereux. Ce à quoi d'autres rétorquent que quelques patients ne répondent pas toujours aux molécules classiques et ont besoin, pour être soignés efficacement, de recourir à ces médicaments suspects.
Devrions-nous nous débarrasser d'un médicament sur cinq ? Certains accusent des traitements d'être inefficaces et dangereux. Ce à quoi d'autres rétorquent que quelques patients ne répondent pas toujours aux molécules classiques et ont besoin, pour être soignés efficacement, de recourir à ces médicaments suspects. © Gimbat, StockFreeImages.com
La rédaction s’est arrêtée sur les analyses parues dans ses colonnes entre 2010 et 2012. Le constat n’a rien de rassurant car la liste est longue. Y sont mentionnés :
  • les médicaments actifs qui exposent à des risques disproportionnés en regard des bénéfices qu’ils procurent ;
  • des médicaments anciens aujourd’hui dépassés en efficacité et en sûreté par des molécules plus modernes ;
  • des traitements récents dont la balance bénéfices-risques est inférieure à ceux déjà existants ;
  • les substances dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà de l’effet placébo et dont les dommages potentiels sont disproportionnés ;
  • les associations médicamenteuses qui exposent aux effets indésirables cumulés et à des interactions dangereuses.
Une liste pour faire réagir les autorités sanitaires ?
 
Parmi les médicaments montrés du doigt, certains sont pourtant communs. Le Motilium (dompéridone), par exemple, expose les patients à des troubles cardiaques et augmente les risques de mort subite. Le Xenical, déjà incriminé et qui combat l’obésité avec un succès très relatif, entraîne des troubles digestifs et abîme le foie. Le Zyban ou le Champix, utilisés pour aider au sevrage tabagique, ne sont pas non plus dénués d’effets secondaires importants. 

Ce ne sont que quelques exemples. La rédaction de Prescrire veut probablement pousser à réagir l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elle rappelle également que certains produits sont appréciés des soignants et des patients, notamment grâce aux efforts payants des publicités, sans pour autant démontrer une réelle efficacité. Les accusations portent sur l’attentisme des autorités sanitaires qui n’informeraient pas suffisamment médecins, pharmaciens et population des avantages et des inconvénients de chaque médicament.


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