Médecine: la vie post mortem
Une nouvelle preuve que la vie est plus forte que la mort. Une équipe de chercheurs de Pasteur est parvenue à cultiver des cellules prélevées sur des cadavres humains jusqu'à dix-sept jours après le décès. Cette prouesse apporte la confirmation que des cellules d'un genre particulier, les cellules souches, sont capables de survivre dans des conditions extrêmes. De quoi renforcer l'intérêt pour la médecine régénérative.
Dans un organisme vivant, toutes les cellules sont issues de cellules souches apparues dés la fécondation et qui se différencient progressivement au cours du développement de l'embryon. Les chercheurs ont appris à les cultiver puis à les programmer pour produire toute sorte de tissus, ouvrant d'immenses perspectives thérapeutiques. Elles sont obtenues soit par prélèvement sur des embryons après une interruption volontaire de grossesse ou au terme d'une procréation assistée qui engendre des embryons surnuméraires, soit par prélèvement sur le patient lui-même ou sur un donneur sain - dans ce cas un risque de rejet existe.
Reste la piste post-mortem explorée par Fabrice CHRETIEN et son équipe de l'Institut Pasteur. Ses résultats, publiés dans la revue Nature Communications, montrent l'extraordinaire capacité de survie des cellules souches de muscle et de moelle osseuse. Des cultures de cellules de muscle prélevées dix-sept jours après la mort d'une femme de 95 ans ont reformé de véritables fibres musculaires.
Chez la souris, des cellules extraites plusieurs jours après le décès, puis cultivées et greffées sur des animaux myopathes, ont permis de stimuler la production d'une protéine défaillante. Notre démarche montre que ces cellules privées d'oxygène survivent longtemps dans le froid, à 4°C, explique F.CHRETIEN. Il s'agit d'une véritable technique de conservation, qui a d'ailleurs été brevetée. A très long terme et à condition que les lois de bioéthique l'autorisent, ces résultats renforcent aussi l'idée qu'on pourra soigner avec des cellules souches issues d'un corps donné à la science.
Source : L'Express, n°3181, semaine du 20 au 26 juin 2012, signé Denis DELBECQ
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