Une équipe de chercheurs de l’université de
Dallas a mis au point une technologie qui donne à un téléphone portable
la faculté de « voir » à travers les murs, les vêtements et certains matériaux non conductibles. Le secret ? La bande de fréquence des térahertz, très peu utilisée pour des applications grand public.
Superman voit à travers les murs grâce à sa vision à rayons X.
Pratique pour sauver les personnes en détresse ou débusquer l’ennemi !
Dans la vraie vie, jusqu’à maintenant, regarder à travers les murs n'est
possible qu'à condition de disposer d’un coûteux et perfectionné
appareillage. Les choses pourraient changer grâce à la nouvelle
technique développée par une équipe dirigée par Kenneth O, professeur de génie électrique à l'université du Texas à Dallas (UT-D) aux États-Unis. Leur découverte pourrait bien donner les yeux de Superman à n’importe quel smartphone, pour un tarif raisonnable.
Pour « voir » à travers les objets, les chercheurs ont exploité le potentiel d’une fréquence très peu employée dans le spectre
électromagnétique. Il s’agit de la bande de fréquence des térahertz.
Elle se situe entre les fréquences radioélectriques des micro-ondes et
celles, optiques, de l'infrarouge. Ainsi, cette bande s'étend entre 100 GHz et 30 THz. On parle de rayons T, comme terahertz.
Le rayon T pour voir à travers les murs
Ces rayons, comme les ondes radio,
pénètrent les matériaux non conducteurs, comme la peau ou les vêtements
mais, contrairement aux rayons X ou aux micro-ondes, sont peu
énergétiques et non ionisants. Ils ne présentent donc, à priori, pas de
danger pour la santé.
Mais jusqu’à maintenant les térahertz étaient peu
étudiés et surtout utilisés dans quelques domaines très pointus. C’était
notamment le cas en astronomie ou pour réaliser des sondages météo. Il
n’était pas question de les employer dans des dispositifs accessibles au
grand public. C’est ce que nous a précisé Kenneth O : « Nous avons
créé des approches qui ouvrent sur une des portions du spectre
électromagnétique jusqu'à présent inexploitées pour le grand public ».
Kenneth
O (à gauche) avec Dae Yeon Kim, l’un des chercheurs de l’équipe qui a
mis au point cette technologie particulière basée sur les rayons T, qui,
connectée à un téléphone portable, permet de voir à travers les objets.
Toutefois, pour éviter toute polémique, lors de leurs expérimentations,
l’équipe a bridé la portée du rayon à environ 10 centimètres. ©
DT-Dallas
Pour cela, les chercheurs ont réalisé une seconde
prouesse. Pour exploiter les capacités des rayons T, ils ont combiné un
émetteur à une puce reposant sur une technologie très utilisée et bon
marché. Elle est fabriquée à partir d’une puce CMos (Integrated Silicon Nanophonics), que l’on trouve habituellement dans les appareils électroniques les plus répandus (téléphones, mobiles, tablettes, baladeurs MP3, TV…).
CMos, la technologie low-cost
Un dispositif peu onéreux donc, qui, combiné à
l’émetteur, rendrait cette technique plutôt bon marché. C’est en tout
cas ce que souligne Kenneth O : « Travailler à partir de CMOS pour créer notre puce ne coûte pas cher. Mais surtout en la combinant à un émetteur au dos d'un téléphone portable, celui-ci se transforme alors en un dispositif portatif qui permet de voir à travers les objets ». Le professeur est même impressionné par le potentiel de l’invention de son équipe, « il y a tellement de choses que l’on pourrait faire et auxquelles nous n’avons pas encore pensé…».
Pour terminer, Kenneth O a confié à Futura-Sciences,
que si son équipe a prouvé qu’il est possible d’intégrer simplement
cette technologie à un téléphone portable, « elle pourrait un jour être déployée facilement chez les médecins généralistes pour détecter d’éventuelles tumeurs avant qu'elles ne deviennent trop importantes ».
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