Dans un rapport de 750 pages, l’Agence européenne pour l’environnement consacre une partie de ses colonnes aux risques de tumeurs au cerveau encourus lors de l’utilisation de téléphones portables. Elle appelle les instances sanitaires à recourir au principe de précaution.
Les ondes électromagnétiques
des téléphones mobiles sont-elles dangereuses pour la santé ? Les
études contradictoires s’enchaînent, si bien que la science ne peut
apporter de conclusion consensuelle à la question. Le débat reste donc ouvert.
Ce mercredi 23 janvier, l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié un ouvrage de 750 pages sur le thème du principe de précaution. Son nom original : Late lessons from early warnings (traduit en « Signaux précoces et leçons tardives »), deuxième édition après un premier texte paru en 2001.
Ce rapport traite de divers facteurs de risques connus ou présumés sur la santé humaine, parmi lesquels le tabac, le bisphénol A ou encore les technologies émergentes comme les OGM, les nanotechnologies ou les ondes électromagnétiques des téléphones portables.
Les ondes électromagnétiques, un cancérigène possible
Sur ce dernier point, l’AEE est claire : elle évoque un lien probable entre le risque de tumeur au cerveau ou aux glandes salivaires et l’utilisation du mobile. Les principales victimes seraient même les enfants et les adolescents, dont l’encéphale est en pleine maturation.
L’agence accuse les gouvernements et l’industrie du téléphone portable de négliger les recommandations du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), la branche de l’OMS
spécialisée dans la lutte contre cette maladie. En effet, dans sa
classification de la cancérogénicité des produits ou des paramètres
physiques, les téléphones mobiles puis les champs électromagnétiques ont rejoint la catégorie 2B, celle des cancérigènes
possibles pour l’Homme. Des paramètres négligés, selon l’AEE, par les
gouvernements et l’industrie de la téléphonie mobile qui devraient
reconsidérer les travaux scientifiques.
L'utilisation
de téléphones portables pourrait être nocive, mais les risques seraient
encore plus élevés lorsque les appels sont passés dans les moyens de
transport. Au-delà des accidents potentiels en voiture, c'est surtout le passage d'une antenne relais à une autre qui serait le plus risqué. © Ta_Samaya, StockFreeImages.com
En s’appuyant sur des études, et en citant l’exemple
d’un homme d’affaires italien ayant développé une tumeur au cerveau
alors qu’il avait passé les 12 années précédentes à téléphoner cinq à
six heures par jour, l’agence défend l’idée qu’il existe suffisamment
d’éléments qui devraient inciter à la prudence. Elle appelle donc dès à
présent à des mesures de précaution afin de réduire l’exposition de la
tête aux ondes électromagnétiques. Ainsi, cela limiterait le risque, la
taille et la gravité des tumeurs cérébrales qui pourraient apparaître.
Principe de précaution : la piste à suivre ?
La Commission européenne a déjà réagi à cette
publication et a précisé qu’il lui fallait prendre davantage de recul
pour intervenir en ce sens. La nouvelle ne sera probablement pas bien
reçue par les lobbys de la téléphonie mobile. L’AEE calme le jeu et
précise, sur la base d’expériences passées, que ce genre de contraintes
stimule l’inventivité et l’innovation technologique : un argument pour
tenter de convaincre une industrie qui pèse des milliards d’euros.
Face aux risques éventuels, quelques recommandations
sont avancées. L’AEE préconise de ne pas coller le portable à l’oreille
et de préférer l’utilisation d’une oreillette ou, dans le cas
contraire, de changer de côté toutes les deux minutes.
Ce texte apporte donc de nouveaux éléments au débat
mais ne permet aucunement de trancher. Cependant, comme il le précise,
le principe de précaution se révèle presque toujours bénéfique. Sur 88
alertes lancées au nom de ce principe et que l'AEE a étudiées, seules
quatre n’étaient pas justifiées. Alors la question se pose : devons-nous
vraiment nous méfier de nos téléphones portables ?
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